mercredi 2 janvier 2013

The Ghost Rider : "Highway to Hell"

Ode aux extravagantes Seventies, The Ghost Rider est à mes yeux un comic un peu à part dans l’univers Marvel, qui se distingue par son personnage principal pour le moins pittoresque et son côté un peu foutraque. Songe-y plutôt ami lecteur : une série alliant bikers, satanisme, grosses cylindrées, naïveté touchante et vengeance infernale. Waow ! Ça ne peut que décoiffer !

N° 5, août 1972.
© Marvel

Au début des années 1970, Marvel, éditeur confirmé de comics de super-héros se diversifie et crée de nouvelles séries mettant en scène des personnages inspirés par de thèmes populaires tels que les arts martiaux (Iron Fist, Shang-Chi master of Kung-fu) ou l’horreur (Werewolf by Night, The Tomb of Dracula et autres créatures fantastiques). The Ghost Rider appartient à cette dernière catégorie avec une intrigue détonante. Notre héros, Johnny Blaze, a vu son père mourir en réalisant une cascade à moto pour le « Crash Simpson Daredevil Cycle Show ». Le jeune garçon est recueilli et élevé par Crash Simpson, le patron du cirque motorisé. Les années passent et Johnny Blaze s’éprend de la fille de ce dernier, la belle Roxanne. Mais voici que les tourtereaux apprennent que Crash Simpson est condamné par un cancer qui ne lui laisse plus que quelques mois à vivre. Cherchant désespérément une solution Johnny Blaze se tourne vers – je te le donne en mille, ami lecteur – le Prince des ténèbres himself et conclut donc un pacte avec le Diable : son âme contre la guérison de Crash Simpson. Mais comme chacun le sait, les pactes avec Satan sont au moins aussi léonins qu’un contrat bancaire. Car si Crash Simpson guérit miraculeusement de son cancer, il se tue stupidement lors d'une cascade à moto quelques semaines plus tard. Furieux de s’être fait berner, Johnny Blaze se révolte contre le Diable lorsque celui-ci vient réclamer son dû. Il est alors condamné à devenir chaque nuit l’émissaire de l’Enfer, sous la forme d’une créature démoniaque au crâne enflammé, monté sur une Harley Davidson customisée et vêtu d’une seyante et croquignolette combinaison de cuir moulant digne de figurer dans le Scorpio Rising de Kenneth Anger. Un vrai Hell’s Angel en somme. Mais l’irruption de Roxanne, cœur pur et innocent, altère la malédiction démoniaque et notre motard fantôme échappe à Satan qui n’aura de cesse de récupérer son âme.

N° 6, octobre 1972.
© Marvel

Sur cette trame assez rocambolesque, les auteurs vont s’en donner à cœur joie pour livrer un condensé de culture populaire vitaminé au LSD où l’on croise sans ciller des gangs de bikers, des adoratrices de Satan en minishort, des indiens serviteurs du Serpent, un temple satanique situé dans les souterrains de New York et autres joyeusetés propres à émerveiller le bédéphile. Poursuites à moto, cascades et ronflements de moteurs bicylindres en V ne manqueront pas de séduire les amateurs de sports mécaniques et les groupies de Steppenwolf. Enfin, notons la plaisante manie qu’a Roxanne de se faire enlever afin d’être offerte en sacrifice (toujours vêtue de tenues colorées, flamboyantes et… très courtes) à toutes sortes de créature maléfiques.

N°7, décembre 1972.
© Marvel

Créé en août 1972, les sept premiers épisodes de The Ghost Rider sont publiés dans Marvel Spotlight, une revue servant de banc d’essai à de nouveaux personnages Marvel. Devant le succès rencontré, ce nouveau héros obtient un comic dédié à partir de septembre 1973. Mais une singulière affaire entoure la naissance du Ghost Rider. Successivement Roy Thomas, l’éditeur en chef chez Marvel, Mike Ploog, le premier dessinateur de la série, et Gary Friedrich, son scénariste, se disputeront la paternité du personnage et de sa création graphique, sans vraiment parvenir à apporter de preuve décisive en faveur de l’un ou de l’autre. Ne dit-on pas que le Diable se niche dans les détails ? En France, le personnage reste au second plan et est publié à partir de février 1975 dans Étranges aventures, revue de l’éditeur Artima. Ponctuellement, il apparaît dans Strange, en général en compagnie de super-héros Marvel plus renommés.

N°9, avril 1973.
© Marvel

Sans être un chef d’œuvre indépassable du Neuvième Art, cette série gentiment barrée, sentant bon le souffre et l’huile de moteur, vaut le détour, ami lecteur. Pour moi, il est trop tard, j'ai franchi la ligne blanche et déjà vendu mon âme au Diable...

N°11, août 1973.
© Marvel


Longue vie au Triangle !

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