Tanka de Sergio
Toppi (1932-2012) est une plongée dans le Japon féodal des samouraïs
impétueux, des rônins tragiques et des princesses aussi altières que froides. Mon
royaume pour ce splendide voyage graphique au pays d’Amateratsu, déesse du
Soleil, guidé par un virtuose italien du noir et blanc !
© Dauphylactère / Sergio Toppi
Grand nom de la BD italienne, Sergio Toppi a
toujours avoué une fascination pour la culture et la civilisation nippone. Avec
un goût assuré, les éditions Mosquito
ont rassemblé dans le recueil Tanka
cinq histoires de Maître Toppi, se déroulant dans le Japon féodal, parues entre 1976 et 1988 dans diverses revues de BD
italiennes. Un rônin découvre qu'il lui faudra offrir plus qu'une tête tranchée à sa princesse pour lui faire ouvrir les yeux sur le monde. Un
maître armurier trahit son art pour une juste cause. Un fils modèle abandonne
ses parents pour la gloire des armes. Un samouraï légendaire refuse de mourir.
Un rônin humilié accomplit une vengeance au parfum d’Hiroshima. Autant de récits
tragiques, souvent cruels, parfois à la lisière du fantastique. Histoires de
sang et d’honneur, elles magnifient la civilisation d’un pays qui a érigé le
savoir mourir au rang d’art de vivre.
Et si
tu as survécu à tant de beauté, ami lecteur, le dessin de Toppi t’achèvera aussi sûrement qu’une flèche au défaut de la
cuirasse. Minutieux, précis et élégant, sont trait de plume éclate sur les
cases parfois étendue à la page, parfois savamment déstructurées. Le
dessinateur parvient, en multipliant les hachures, à créer des aplats noirs
texturés. Les costumes, armures et harnachements de combat sont dessinés avec un
soin maniaque sans que ne manque la moindre cordelette de soie. C’est superbe
comme un lever de soleil sur le Pavillon d’Or.
Eh oui,
petit scarabée, c’est un maître italien du noir et blanc qui fait revivre les
splendeurs du Japon ancien. Par tous les kamis, cela vaut le détour.
Longue
vie au Triangle !