lundi 30 juin 2014

Shock Suspenstories : plus dure sera la chute

Gasp ! Choke ! Les éditions Akileos rééditent les épisodes de Shock Suspenstories de l’éditeur américain EC comics. Soixante ans après leur parution, ces histoires renversantes, percutantes comme des balles dum-dum, n’ont rien perdu de leur noirceur et de leur cruauté.


 Lancé en février 1952, Shock Suspenstories est initialement une sorte de revue-échantillon du savoir-faire maison EC Comics : chaque numéro rassemble une histoire d’horreur, une histoire de guerre, une histoire criminelle et une histoire de science-fiction afin de satisfaire les fans transis, amateurs des publications EC Comics Tales from the Crypt, Frontline Combat, Two Fisted Tales, Crime Suspenstories (lire ici la chronique de Crime Suspenstories) et autres Weird Science. Le point commun de chacune de ces histoires est un dénouement choc, qui cloue le lecteur dans son fauteuil aussi sûrement qu’un uppercut de Sugar Ray Robinson.


 Rapidement, les éditeurs supprimeront les histoires de SF, d’horreur et de guerre, pour ne conserver que les histoires criminelles, teintées de questions de société. Drogue, racisme, violences policières, lynchages, agressions sexuelles, antisémitisme, sont abordés par ces illustrés qui n’hésitent pas à dépeindre la face cachée de l’Amérique des Fifties. Et le tableau des édifiant… Klansmen, vigilante sanguinaires, meurtriers, policiers corrompus, junkies parricides défilent dans chaque numéro, au gré de l’imagination fertile et déviante des scénaristes Bill Gaines et Al Feldstein.


 Certaines histoires sont à la limite du soutenable, comme celle de ce malfrat qui, après un hold-up minable, tue le flic qui vient de l’arrêter, puis entreprend de fuir à travers le désert menotté au cadavre du représentant de la loi. Jusqu’au moment où les vautours s’en mêlent… (Carrion Death, Shock Suspenstories n°9, juin-juillet 1953).


 Servi par une armada de dessinateurs aussi excellents que talentueux, Shock Suspenstories rassemble la fine fleur de la BD américaine des années 1950 : Graham « Ghatsly » Ingels (1915-1991) au dessin gothico-expressionniste ; Jack Kamen (1920-2008) et ses vamps froides, si froides ; le fabuleux Jack Davis ; le non moins fabuleux Wallace Wood (1927-1981) ; Frank Frazetta (1928-2010) au trait digne de la Renaissance italienne ; le sombrissime Joe Orlando (1927-1998) etc. Chaque histoire, chaque page, chaque case est un véritable régal pour le bédéphile.


 Garde ton sang-froid, ami lecteur, cale-toi bien dans ta chaise électrique et branche le courant avec ces histoires à haute tension dans la grande tradition EC Comics.


 Longue vie au Triangle !