Divine
surprise que cet album de Dark Fantasy,
La Cité des chiens, paru chez Akileos au printemps dernier. Scénarisée
par Yohan Radomski et magistralement
mis en image par le jeune prodige polonais Jakub
Rebelka, cette terrible histoire de vengeance comblera les fanatiques de Fantasy médiévale, les amateurs de
tragédies shakespeariennes, les esthètes de la BD et les Game-of-Thronesophiles
frénétiques.
© Éditions Akileos
Rien de
tel qu’un bon méchant pour faire une bonne histoire. En l’occurrence Volas, le seigneur
de la cité des chiens, est un cas d'école : meurtres, viols, trahisons,
inceste, l’homme ne recule devant rien pour cocher toutes les cases de la To Do
List de la parfaite crapule. Ainsi, après avoir étranglé son prédécesseur,
égorgé son beau-frère et décapité sa femme, Volas s’unit à sa sœur, lorgnant
sur Enora, la fille de celle-ci. Horrifiée, la jeune femme s’enfuit et engage
les ruffians de la Confrérie de l’Île des Pendus pour assassiner son oncle et
briser son hégémonie sur le monde des cités. Mais pourra-t-elle arrêter celui qui s'est donné à l'Ombre ? Démarrage en trombe que ce premier
tome d’une série prévue en deux volumes qui conjugue admirablement légendes fantastiques, imagerie médiévale et noirceur de l’âme humaine.
Le
bédéphile éclairé amateur de graphismes soignés s’extasiera de ce conte
maléfique superbement illustrée par un jeune artiste polonais qui signe là un
coup de maître. Admirablement lisible, le trait de Rebelka rappelle les magnifiques illustrations Art Nouveau d’Aubrey Beardsley (notamment les motifs
des vêtements des personnages) ou les dessins chamarrés du grand illustrateur
russe Ivan Bilibine, mais dans une
version plus sombre il est vrai. Plus proche de nous, son dessin fait parfois penser à Mike Mignola, dans une variante plus assagie
toutefois. La colorisation soignée utilise une palette de couleurs
originales : vert glauque, gris taupe, violet d’évêque, brun fauve renforçant
l’atmosphère ténébreuse de l’histoire.
Splendide
et vénéneux, cet album de toute beauté est aussi spectaculaire qu’une charge des hussards ailés de Jean Sobieski sur les pentes du Kahlenberg.
Longue
vie au Triangle !