Surgissant
d’on ne sait où, tels des outlaws
attaquant la diligence d’El Paso, le scénariste Lewis Trondheim et le dessinateur Matthieu Bonhomme livrent avec Texas
Cowboys un western à la fois original et archétypal, de nature à réjouir le
bédéphile.
© Dupuis 2012
Membre
fondateur de L’Association,
dessinateur et/ou scénariste d’une quantité impressionnante d’albums (notamment
Les Formidables aventures de Lapinot,
Ralph Azham, des Donjon en veux-tu en voilà etc. etc.), Lewis Trondheim est un vieux briscard du Neuvième Art. Pourtant,
j’ai été un peu surpris de le voir scénariser un western. Sans doute est-ce le
privilège des grands que de débarquer là où l’on ne les attend pas… Son
histoire est découpée en une série de petits chapitres, chacun introduit par
une illustration qui s’inspire des couvertures des dime novels, les pulps
magazines de western des années 1940 ou 1950. Publié chez Dupuis fin 2012, l’album était
auparavant paru en feuilleton hebdomadaire dans le journal Spirou, renouant ainsi avec l’esprit des origines. Le dessin de Matthieu Bonhomme est clair, ultra
lisible et fort agréable. Ses planches sont découpées en 5-6 cases très
régulières, mais aucunement monotone.
© Dupuis 2011
À la
fin des années 1870, Harvey Drinkwater, jeune journaliste de Boston, est envoyé
par son patron (qui à un faux air de J. J. Jameson, les amateurs de comics apprécieront...) effectuer un reportage à sensation dans le Hell’s Half Acre
au Texas, là où se concentre « le pire de toute la racaille des ploucs de
l’Ouest ». À sa descente de train, le jeune homme est pris sous son aile
par le vieux Ivy, et notre jeune pied tendre va découvrir l’Ouest sauvage dans
un véritable voyage initiatique. Rien ne manque, toutes les figures attendues
du western sont là : outlaws
braqueurs de banque, joueurs/tricheurs professionnels, marshals corrompus, femmes fatales terriblement fatales, lynchages, trahisons et
bagarres de saloon… L’histoire
alterne flash-back, ellipse et
narration éclatée avec virtuosité, intégrant des éléments historiques (la
figure de Samuel Bass, le pilleur de
train), le tout agrémenté d’une pincée d’ironie. Une scène très
« tarantinienne » de partie de cartes truquée qui se termine en gunfight est un véritable morceau
d’anthologie.
© Dupuis 2011
Les
westerns hollywoodiens ont nourri toute une génération de dessinateurs ou
d’auteurs de Giraud (Blueberry, lire ici) ou Jijé (Jerry Spring) à
Blanc-Dumont (Jonathan Cartland) ou
Palacios (Mac Coy). Si le genre a pu
tomber un peu dans l’oubli, il n’est pas mort pour autant. Une nouvelle
génération, probablement biberonnée aux westerns vus le mardi soir à la
télévision dans La Dernière Séance et
aux BD mentionnées plus haut, relève le gant aujourd’hui. Utilisant tous les
archétypes du genre, elle en joue avec délectation et les mêle à d’autres
éléments en un syncrétisme réjouissant. « Go West young men ! »
© Dupuis 2011
Longue
vie au Triangle !
Le même duo avait déjà frappé avec Omni-visibilis avec le même talent
RépondreSupprimerJ'ai entendu dire cela. Il faudra que je le regarde avec attention un de ces quatre.
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