lundi 12 novembre 2012

The Goon : gare au gorille !


Argh !!!! Attention, voici que déboule le Goon ! Ce savoureux comic de l’américain Eric Powell est publié aux États-Unis par Dark Horse et en France aux éditions Delcourt. Cintrée, frappée, allumée, cette série bastonne grave, pour le plus grand plaisir (un peu régressif il est vrai) du bédéphile. Ça va saigner !

© 2005 Guy Delcourt Productions

Eh oui, ami lecteur, j’ai craqué. Cela faisait un moment que cette BD aux couvertures chamarrées m’aguichait du coin de l’œil, telle une fille de petite vertu court vêtue et outrageusement fardée, sublimement vulgaire et vulgairement sublime. Longtemps j’ai feuilleté ses pages sans oser l’aborder plus intimement et aller jusqu’à lire un album. Voilà c’est fait ! J’ai sauté le pas. Et laisse-moi te dire, estimé lecteur, que, même si j’ai voué mon âme aux flammes de la damnation éternelle, je ne regrette rien, non, rien de rien. Ce comic farfelu et délirant réussit l’union contre nature entre l’univers du film (ou du roman) de gangsters et la série Z horrifique, le tout agrémenté d’une bonne dose d’humour noir. Attention, que les choses soient bien claires : esprits cartésiens et amateurs de subtilité s’abstenir ! Ici commence l’empire du Grand N’importe Quoi !

© 2006 Guy Delcourt Productions

Le Goon est un malabar balafré, une armoire à glace qui règne sur un quartier de la ville. Aux esprits curieux, j’indique à toutes fins utiles que, dans la langue de Shakespeare et de Britney Spears, le terme « goon » s’applique à la fois à un costaud lié à la pègre et à un abruti. On me signale aussi dans l’oreillette qu’en hockey sur glace, le terme désigne également le joueur brutasse et vicieux qui cogne salement l’adversaire pour l’emporter. Les spécialistes apprécieront… Revenons à notre Goon. Abandonné par sa mère, élevé par sa tante Kizzie « la Vierge de fer », catcheuse dans un cirque ambulant, notre héros est ce que l’on appelle un dur à cuire. Pour le compte de Labrazio, mystérieux chef du gang le plus puissant de la ville, le Goon se charge de faire passer à la caisse les mauvais payeurs, de corriger ceux qui tentent de tricher aux parties de cartes truquées, d’éliminer les gêneurs attirés par les lumières de la ville et, éventuellement, de protéger la veuve et l’orphelin sur le territoire de son Boss. C’est bien connu, les truands n’aiment pas les trouble-fêtes qui gênent le business ! Seulement voilà, il y a fort à faire depuis que, dans Lonely Street, un mystérieux prêtre zombie, arborant un visage découpé cloué sur son chapeau haut-de-forme, a constitué un gang rival dont les « soldats » sont des zombies. Bienvenue dans cet univers pour le moins... euh, baroque, chaînon manquant entre Sur les quais et le slasher hollywoodien, où les lutins du Père-Noël sont cannibales, où les loups-garous mangent des fondants aux cacahouètes et où pleuvent extraterrestres visqueux ou mécanoïdes d’outre-espace. Aidé de son acolyte Franky, un nabot légèrement psychopathe aux yeux en boutons de bottines, le Goon, armé de son calibre 38, cogne et défouraille à tout va pour faire régner sa loi. Qu’on se le dise : ce n’est pas un demi-sel !

© 2006 Guy Delcourt Productions

Le style parodique d’Eric Powell est très agréable. Ultra-dynamique, son dessin fait la part belle aux bagarres éclatant dans les planches. Personnellement, j’y vois comme une influence de Will Eisner (1917-2005), le génial créateur du Spirit, ce qui est plutôt une bonne carte de visite. Tout en exagérations, ses personnages sont des caricatures assez réjouissantes : la Boule par exemple est un truand fluet, qui tient au bout d’un bras hypertrophié une boule de bowling avec laquelle il cogne ses adversaires. Pete le barbeau est un colosse à tête de poisson, muni d’un crochet à la place de la main droite et d’une jambe de bois. Etc. etc., la galerie des freaks est longue.

© 2007 Guy Delcourt Productions

Très honnêtement, ami lecteur, je ne sais si cette série tient la route sur la longueur. Mais lire un tome du Goon constitue un des plaisirs simples et réjouissants de l’existence. Tu en conviendras, ils ne sont pas légion en ce bas monde. Alors attache un zombie sur le capot de ta Packard, enflamme-le et fonce à travers la ville pour rejoindre le Goon !

Longue vie au Triangle !

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