lundi 18 novembre 2013

Iron Fist : “Enter the Dragon”

Avec Iron Fist, super-héroïque maître des arts martiaux, savourons, ami lecteur, un concentré de groovytude et de pop culture au parfum capiteux d’encens extrême-oriental multivitaminé par la trépidante et dynamique Amérique des Seventies. Encore une merveille de la Marvel !


© Marvel, 1974

Début des années 1970, la mode est aux films d’arts martiaux. Fasciné, l’Occident découvre le jeet kune do du « Petit Dragon » Bruce Lee et suit les pérégrinations dans l’Ouest de David Carradine dans la série Kung Fu. Collant à l’air du temps, le scénariste Roy Thomas et le dessinateur Gil Kane (1926-2000) créent en mai 1974 le personnage d’Iron Fist pour l’éditeur Marvel. Mais rapidement après ce coup d’éclat, aussi parfaitement exécuté qu’un poing du tigre asséné en pleine face du diabolique Fu Manchu, les deux créateurs passent la main à d’autres artistes. Si le scénario reste cohérent, force est de constater que les dessinateurs ne sont pas toujours à la hauteur.


© Marvel, 1976

La divine surprise vient alors d’Albion, avec l’arrivée sur la série de deux Britanniques, le scénariste Chris Claremont puis le dessinateur John Byrne en octobre 1975. Pendant plus de 15 numéros les deux compères se livrent à un ballet étourdissant d’aventures super-héroïques à la sauce aigre douce, exaltées par le dessin fluide, fin et précis de Byrne. Voilà de quoi enchanter le bédéphile et lui faire atteindre le Nirvana…


© Marvel, 1976

Âgé de 9 ans, le jeune Daniel Rand suit son père et sa mère dans une expédition au cœur de l’Himalaya à la recherche de la mythique cité de K’un-Lun. Victimes d’un accident de montagne, Daniel assiste au meurtre de son père, assassiné par son cupide associé, puis à la mort de sa mère. Mais il est miraculeusement sauvé par les habitants de K’un-Lun, cité céleste cachée dans un plan mystique, qui n’apparaît qu’une fois tous les dix ans. Recueilli par le maître de K’un-Lun : Yü-Ti l’Auguste Personnage de Jade, Daniel Rand entame un sévère entraînement aux arts martiaux sous la férule de Lei Kung le Tonnerre. Dix ans plus tard, au terme de son apprentissage, il affronte le seigneur dragon Shou Lao l’immortel et, victorieux, plonge le poing dans son cœur en fusion. Il devient alors Iron Fist, l’arme vivante, doté du pouvoir de Shou Lao l’immortel. Revenu à New York, Daniel Rand cherche à venger ses parents avant de mettre son puissant pouvoir au service de la justice et du bien.


© Marvel, 1976

Sur cette trame de vengeance somme toute très classique, les auteurs opèrent un improbable syncrétisme entre geste super-héroïque, arts martiaux et influences asiatiques. Dans l’écurie Marvel, le personnage d’Iron Fist est singulièrement remarquable. Masqué de jaune impérial, le torse marqué du dragon ailé Shou Lao, félin et agile, il utilise la puissance de son poing d’acier pour d’aériennes prises de kung fu qui contrastent avec les chocs frontaux des brutasses de service. Mais la série est aussi fascinante par ses mélanges détonants. Quand Shaolin rencontre Big Apple… Outre les habituels super-vilains destructeurs et autres ravageurs à la petite semaine, Iron Fist affronte ainsi toute une série de personnages hauts en couleur, vaguement orientalisants, qui ravissent littéralement votre serviteur : des adorateurs de Kali, le diabolique Maître Khan et ses sbires, le gang asiatique des Golden Tigers et j’en passe. C’est coloré, c’est incongru, c’est (un peu) n’importe quoi, mais c’est fichtrement réjouissant. C’est le chaînon manquant entre Yip Man et Cassius Clay ! Et puis notre sympathique héros est secondé par la ravissante Misty Knight, ex flic de choc, experte en arts martiaux, à la coupe afro impressionnante et au bras bionique, formant ainsi (à ma connaissance) un des premiers couples mixtes de l’histoire du 9e art.


© Marvel, 1976

En France Iron Fist connaît une parution un peu erratique, d’abord dans la cultissime revue Strange, puis dans Titans, aux éditions Lug. Tu l’auras deviné, fidèle lecteur, ce personnage exerçait sur moi une fascination un peu irrationnelle. Minot, je lisais et relisais frénétiquement les quelques numéros que je possédais, renfermant les précieuses aventures de l’un de mes personnages Marvel préférés.


© Éditions Lug

Alors ami lecteur, sors ton nunchaku, et entre dans l’arène sous le regard des quatre rois dragons. La « voie du poing qui intercepte » est difficile mais ô combien enrichissante.

Longue vie au Triangle !

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