Hardis
moussaillons ! Hissez la grand-voile ! Dix coups de fouet au dernier à bouger son lard ! Parés à virer de bord !
Cap sur l’aventure, avec Long John Silver,
série de quatre albums au parfum enivrant de la poudre à canon, de la fumée des mousquets, de l’odeur âcre du sang répandu sur le pont, du vieux rhum et des embruns salés.
© Dargaud 2007
La BD
de piraterie était un genre un peu tombé à fond de cale (Barbe rouge, Capitaine
fantôme et autres Pirates comics
commencent à dater un peu), mais qui reprend du galon depuis peu, probablement
grâce au succès des films Pirates des
Caraïbes. Avec Long John Silver,
le scénariste Xavier Dorison et le
dessinateur Mathieu Lauffray proposent
une relecture originale du genre car ils abordent le sujet face au vent, en
s’attaquant directement à L’Île au Trésor,
roman matriciel s’il en est. Plutôt que de recréer un univers ex nihilo, nos
deux lascars imaginent ce que pourrait devenir Long John Silver, l’antihéros à
la jambe de bois du roman de Robert
Louis Stevenson.
L’histoire
débute donc à la fin du XVIIIe siècle. Lady Hastings reçoit une lettre de son
capitaine de mari, parti voici de longues années à la recherche d’une
mystérieuse cité amérindienne aux richesses fabuleuses, si perdue dans les
jungles impénétrables de l’Amazonie que même les conquistadores les plus assoiffés d’or ne l’ont pas trouvée (ou n’en
sont pas revenus, va savoir…). Lord Hastings ordonne à son épouse de réaliser
toute sa fortune pour financer une expédition de secours afin de lui prêter
main-forte dans sa chasse au trésor. Cette résurrection inopportune contrarie
fort le plan de carrière de Lady Hastings, qui se verrait d’un assez mauvais œil
passer du statut plaisant de veuve joyeuse à celui d’épouse répudiée dans un couvent pour conduite inconvenante. Ni
une ni deux, appâtée par l’or, la redoutable intrépide entreprend de participer à
l’expédition et engage un homme à tout faire à la réputation légendaire :
Long John Silver. Un capitaine implacable, une bande de forbans sans foi ni
loi, une aventurière prête à tout, un guide indien à demi fou, une cité légendaire aux richesses
inimaginables : entre Bristol et Guyanacapac, le voyage risque d’être
long…
© Dargaud 2010
Long John Silver est donc un récit de
quête au trésor, avec son cortège de tempêtes maelströmiques, de mutineries
sanglantes, de gentilshommes de fortune pas très gentils et de gentilshommes…
eh bien... pas très gentils non plus. Mais le scénario flirte aussi, dans le quatrième
tome, avec une version de la chasse au trésor digne d'Indiana Jones, lorsque l’équipage s’enfonce dans la mystérieuse cité
de Guyanacapac, perdue dans les marais putrides au cœur de la forêt dense. Le dessin de Lauffray est assez baroque (si baroque
qu’il comprend parfois quelques inexactitudes, mais laissons là ces
peccadilles) : l’équipage pirate à de vraies trognes d’équipage pirate, les
ouragans sont forcément apocalyptiques, la cité maya est si gigantesque que
l’on se demande comment les conquistadores
ont eu tant de mal à la trouver, à moins d’avoir le clocher de la cathédrale
Santa-Maria de Tolède dans l’œil. Cette démesure du dessin, ces emphases, ces exagérations, donnent
un souffle et une ampleur épique à l’aventure qui réjouit l’œil et enchante le
bédéphile. C'est plaisant comme la prise d'un galion espagnol chargé d'or.
Alors,
ami lecteur, laisse parler le frère de la côte qui sommeille en toi, écoute les
gueux des mers qui aspirent à la liberté sur les océans du globe et embarque
pour l’aventure par-delà les sept mers.
Longue
vie au Triangle !
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