Bravissimo ! Les éditions Panini entreprennent de publier en
français Dylan Dog, série horrifico-fantastique monstrueusement populaire en
Italie. Avis aux amateurs de Giallo et
d’univers surréaliste… Cramponne-toi au wagon du train fantôme, ami lecteur, ça
va saigner.
© Sergio Bonelli Editore
Dylan
Dog est né en octobre 1986, sous la plume du scénariste Tiziano Sclavi, qui imagine ce personnage de détective du
surnaturel, britannique de surcroît. Avec une constance qui frise la monomanie, l’auteur puise dans tout
ce que l’univers du fantastique horrifique compte de référence : serial
killers surgissant des slashers
hollywoodiens, monstres littéraire (Frankenstein, Dracula, Dr. Jekill etc.),
spectres gothiques, antiques momies ressuscitées, sorcières grimaçantes, démons
grotesques, zombies putréfiés, adeptes de cultes satanique, univers parallèles
et j’en passe. Les histoires sont souvent bâties sur une trame semblable :
un client (souvent une gente donzelle) fait appel au détective pour résoudre un
mystère bien sanglant comportant un aspect surnaturel propre à décourager la
police. Et notre héros au physique de jeune premier de résoudre ledit mystère
(ou pas), tout en acceptant comme une évidence les phénomènes étranges
susmentionnés.
© Sergio Bonelli Editore
Cette
BD populaire, en noir et blanc, vendue en kiosque, dont le rythme de parution
est d’un numéro de près de 100 pages par mois, impose un certain nombre de
contraintes : les personnages principaux sont donc des archétypes, faciles
à dessiner par les différents dessinateurs qui se relaient sur la série. Le
personnage de Dylan Dog est ainsi invariablement vêtu d’une veste noire, d’une
chemise rouge, d’un jean et d’une paire de Clarks, qu’il pleuve, qu’il vente ou
qu’il neige. Ses traits sont inspirés de ceux de l’acteur Ruper Everett. Par un amusant jeu de miroirs, ce dernier incarna
d’ailleurs Francesco Dellamorte, personnage ressemblant fort à celui de Dylan
Dog, dans le film Dellamorte, Dellamore
(1994), lui-même tiré d’un roman de Tiziano
Sclavi. Dylan Dog est affublé d’un invraisemblable assistant :
Groucho, sosie de Groucho Marx et doté du même sens de l’humour. L’inspecteur
Bloch, éternellement à quelques mois de la retraite, incarne le flic blasé,
revenu de tout et effondré par la bêtise crasse de ses subalternes etc.
© Sergio Bonelli Editore
Dans la
tradition des Gialli baroques et un
tantinet sadiques des illustres parrains que sont Dario Argento ou Mario Bava,
chaque aventure est l’occasion d’un singulier cocktail, mélangeant quelques
centilitres de meurtres sanguinolents avec cris de jeunes femmes éperdues
d’horreur, un soupçon de surréalisme, un doigt d’humour noir flegmatique, une
larme de romantisme sombre, le tout allongé d’une bonne rasade de fantastique.
J’ai un souvenir ému de ma lecture du n° 24 (Il Conigli rosa uccidono / Les Lapins roses tuent). Dylan Dog y traque
un lapin de dessin animé qui décime des personnalités du show business à coup
d’enclumes, de gros marteaux et de bâtons de dynamite. Perchè no ?
© Sergio Bonelli Editore
Graphiquement,
les albums sont assez neutres mais les dessins sont de très bonne facture. Des
dizaines de dessinateurs se relaient par roulement sur la série pour assurer la parution
mensuelle. Parmi eux, j’aime beaucoup le dessin sec et charbonneux d’Angelo Stano, le dessinateur du premier
épisode (L’Alba dei morti viventi / L’Aube
des morts vivants) puis par la suite d’une dizaine d’autres et de toutes les couvertures depuis 1990. Certaines grandes
figures de la BD italienne, tel Attilio
Micheluzzi, se sont prêtées au jeu et ont dessiné « leur » album
de Dylan Dog (Gli Orrori di Altroquando).
© Sergio Bonelli Editore
En
Italie, Dylan Dog est un véritable phénomène éditorial. En mars 2013, la série
en est à son 319e numéro. Tous les mois, des centaines de milliers
de fans transalpins se ruent chez leur kiosquiste pour acheter le nouveau
numéro ou les multiples réimpressions d’épisodes anciens, et ce pour la plus
grande joie de l’éditeur milanais Sergio
Bonelli. Étrangement, en France, la série n’a guère rencontré de succès,
malgré les tentatives de publication de deux éditeurs (Glénat en 1993-1994 et Hors
collection en 2000-2001). Y aurait-il une obscure malédiction sur notre héros ? Gageons qu'elle sera vite levée et que cette nouvelle tentative sera
couronnée de succès.
© Sergio Bonelli Editore
Longue
vie au Triangle !
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