jeudi 18 avril 2013

Judge Dredd : dura lex, sed Dredd lex


À l’heure où les mutants irradiés rodent aux confins de la ville, où le taux de criminalité crève tous les plafonds, où les robots ménagers se révoltent contre leurs créateurs, quand il n’y a plus d’espoir, un homme se dresse, inflexible, implacable, incorruptible, inoxydable : Judge Dredd. Il est la loi, et tu ferais mieux de ne pas l’oublier, ami lecteur, si tu tiens à tes dents.

© Les Humanoïdes associés, 1983

Né en février 1977, dans les pages du magazine britannique 2000 AD, Judge Dredd est un concentré de nonsense humoristique, de punkitude toute britannique et de SF paroxystique et déchaînée telle que pourrait la rêver un Philip K. Dick pessimiste qui aurait plongé dans une piscine de LSD. Créée par John Wagner et Pat Mills (scénario), le personnage est d’abord dessiné par Carlos Ezquerra ; d’autres artistes tels que Brian Bolland ou Mike McMahon se succéderont par la suite sur cette série à la longévité étonnante.

© Les Humanoïdes associés, 1982

L’histoire se déroule au XXIIe siècle, après une apocalypse nucléaire, à Mega City One, une mégapole tentaculaire de plusieurs centaines de millions d’habitants, s’étendant sur l’ensemble de la côte Est des anciens États-Unis, de la frontière canadienne à la Floride. Pour lutter contre une criminalité galopante, les Juges constituent un corps de police musclé, disposant du pouvoir de juger et d’appliquer immédiatement une justice pour le moins expéditive. Parmi eux, Judge Dredd est le plus impitoyable des Juges, archétype du flic impassible, cognant et défouraillant d’abord, causant après. Il est vrai qu’il a fort à faire pour lutter contre les gangs de criminels (que ce soit les Cosmic Punks de Gestapo Bob ou les Diables mutants de Bresse le rouge), arrêter les créatures énergivores extra-terrestres, mettre fin aux guerres de blocs qui éclatent entre deux immeubles rivaux et toutes ces sortes de choses qui constituent le quotidien de Mega City One et de Luna One, sa colonie lunaire. Construit en 6 à 8 pages, se suivant ou non, chaque épisode est l’occasion de montrer Judge Dredd face à des situations toujours plus énormes. Si les scénarios sont parfois un peu courts et ne brillent pas par leur finesse psychologique, le lecteur ne peut qu’être émerveillé par la créativité débridée des scénaristes. Et la constance imperturbable que met Dredd à appliquer la loi, que ce soit pour arrêter un chauffard ou des braqueurs responsables de la mort de 53 000 personnes, finit par devenir un gimmick assez drôle.

Plusieurs histoires dessinées par l’impétueux Brian Bolland, m’ont particulièrement marqué. Elles mettent Judge Dredd aux prises avec le Juge Crève (Judge Death en VO), un Juge monstrueux issu d’une dimension parallèle. Dans cette dimension, les Juges noirs ont fini par déclarer la vie hors-la-loi. Les crimes étant commis par les vivants, il convient, par un étonnant syllogisme, de mettre fin à la vie pour mettre fin au crime… Les Juges noirs ont donc éradiqué toute vie dans leur cité et s’apprêtent à juger Mega City One : « This city iss guilty ! The crime iss life ! The ssentence iss… DEATH ! »

En France, deux albums paraissent aux Humanoïdes associés en 1982 et 1983, puis une quinzaine d’épisodes sont publiés par Aredit sous forme de petits comics entre 1984 et 1985. Depuis, le personnage a été un peu oublié. Soleil reprend la publication d’une intégrale depuis 2011. Le bédéphile curieux ne manquera pas d’y jeter un œil.

Longue vie au Triangle !

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